La Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT) a récemment publié ses nouveaux statuts, adoptés lors de l’Assemblée Générale du 16 novembre 2024 au centre de la CAF à Mbankomo, près de Yaoundé. Cette quatrième révision des textes fondamentaux sous la présidence de Samuel Eto’o suscite de vives réactions dans le milieu sportif et bien au-delà.
Des modifications majeures et stratégiques
Depuis son élection à la tête de la FECAFOOT il y a trois ans, Samuel Eto’o a initié plusieurs réformes structurelles. Cependant, les nouveaux statuts adoptés le 16 novembre dernier lors de l’Assemblée Générale au centre de la CAF à Mbankomo marquent un tournant controversé. Parmi les changements notables :
- Extension des mandats présidentiels :
- Jusqu’en juillet 2021, le président de la FECAFOOT était limité à deux mandats de quatre ans. Les nouveaux statuts permettent désormais trois mandats, portant la durée maximale de présidence à 12 ans (article 37).
- Conditions d’éligibilité :
- L’article 34 exclut désormais toute personne ayant été condamnée à une peine privative de liberté “assortie d’un titre de détention”, une précision jugée discriminatoire par certains observateurs.
- Par ailleurs, l’âge limite pour se présenter à la présidence a été abaissé de 70 à 65 ans (article 46).
- Composition du comité exécutif :
- Le nombre de membres passe de 20 à 22 (article 35), incluant deux personnalités pouvant être cooptées par le président. Pascal Abunde et Pierre Batamack ont d’ailleurs été nommés sous cette disposition.
- Redéfinition des règles de parrainage :
- Une répartition jugée inéquitable par certains acteurs du football, qui y voient une manière de limiter l’accès à la compétition électorale.
Les critiques affluent
Ces réformes ne font pas l’unanimité. Guibai Gatama, membre du comité exécutif, figure parmi les voix les plus critiques. Selon lui, ces amendements viseraient à :
- Réduire au silence les clubs sportifs.
- Éliminer des potentiels adversaires à la succession d’Eto’o.
- Déroger aux principes d’équité et d’égalité devant la loi.
- Compromettre les règles éthiques de gouvernance.
Plusieurs autres personnalités du monde la presse à l’instar de Benjamin Zebaze, journaliste et ancien Directeur de publication de Challenge Hebdo s’est montré très déçu ! » C’est minable; très petit. On voit bien que pour beaucoup, cette Fecafoot est une véritable bouée de sauvetage financier », martèle t-il.
Pour les opposants, la modification de l’article 37 illustre une volonté de Samuel Eto’o de verrouiller sa position et d’étendre son influence à long terme, au détriment de la démocratie interne de la FECAFOOT.
Un enjeu crucial pour l’avenir du football camerounais
Les partisans des réformes soulignent les efforts d’Eto’o pour moderniser la fédération et affirment que ces mesures visent à instaurer davantage de stabilité et de continuité dans la gestion. Pourtant, la controverse ne cesse d’enfler, alimentée par des débats sur la transparence et l’éthique.
Les deux versions des statuts, celles de 2021 et les récentes modifications, sont disponibles sur le site de la FECAFOOT, permettant à chacun d’en juger. Pour Samuel Eto’o, la route vers un troisième mandat semble désormais ouverte, mais les obstacles sur le terrain médiatique et juridique restent nombreux.
Les nouveaux statuts de la FECAFOOT marqueront-ils une avancée ou une régression pour le football camerounais ? L’histoire jugera, mais une chose est sûre : les projecteurs sont braqués sur Samuel Eto’o et ses choix pour l’avenir de l’institution. La prochaine Assemblée élective pour un nouveau comité exécutif à la Fecafoot se tiendra en 2025. Samuel Eto’o est-il déjà en campagne ?