L’attiéké, mets emblématique et pilier culinaire des Ivoiriens, fabriqué à partir de manioc fermenté, a été officiellement inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Cette reconnaissance célèbre l’importance culturelle et sociale de cet aliment à travers les générations.
Un « couscous ivoirien » au cœur des repas
L’attiéké, souvent comparé à un couscous pour sa texture granuleuse, est préparé à partir des racines de manioc soigneusement transformées. Consommé du matin au soir, il accompagne souvent du poisson grillé et d’autres mets locaux. Originaire des régions littorales ivoiriennes, ce plat a conquis toute l’Afrique de l’Ouest grâce à son goût unique et à sa polyvalence.
Lors de la 19ᵉ session sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel à Asunción, au Paraguay, Ramata Ly-Bakayoko, représentante ivoirienne auprès de l’UNESCO, a souligné que l’attiéké est « un élément fondamental de la vie quotidienne des communautés ivoiriennes ».
Plus qu’un aliment, un moteur économique et social
Au-delà d’être un simple plat, l’attiéké joue un rôle clé dans l’économie locale, notamment pour les femmes. Sa production, ancrée dans des savoir-faire traditionnels, est souvent une source d’autonomie financière. Préparé majoritairement par des femmes et des jeunes filles, le processus de fabrication, qui peut durer plusieurs jours, inclut le pelage, le râpage, la fermentation, le pressage, le séchage, et la cuisson à la vapeur.
Ces savoir-faire, transmis de mère en fille, renforcent les liens intergénérationnels et consolident l’identité culturelle ivoirienne. En Côte d’Ivoire, l’attiéké est omniprésent lors des grandes cérémonies telles que les mariages, les baptêmes, ou encore les funérailles, témoignant de son rôle central dans les traditions communautaires.
Une reconnaissance qui dépasse les frontières
L’inscription de l’attiéké au patrimoine de l’UNESCO met en lumière la nécessité de protéger ces pratiques traditionnelles face à la modernisation. Selon l’organisation, cet aliment constitue un témoignage précieux du patrimoine culturel universel.
Cependant, l’attiéké a également été au cœur de controverses. En 2019, la victoire de Florence Bassono, une entrepreneure burkinabé, lors d’un concours culinaire à Abidjan avait suscité des débats houleux en Côte d’Ivoire. Ce différend a conduit à l’enregistrement d’une marque collective par l’Organisation régionale africaine de la propriété intellectuelle, visant à protéger l’identité géographique de l’attiéké.
Une fierté nationale
Avec cette distinction internationale, l’attiéké rejoint les rangs des trésors culturels mondiaux. Cette reconnaissance célèbre non seulement sa richesse gustative, mais également son rôle essentiel dans la construction de l’identité culturelle ivoirienne et africaine.