Les relations diplomatiques entre le Mali et l’Algérie ont pris un tournant dramatique ce dimanche 6 avril, avec le rappel des ambassadeurs du Mali, du Niger et du Burkina Faso à Alger. Cette décision fait suite à la destruction d’un drone de l’armée malienne fin mars, un événement que le Mali qualifie d' »action hostile préméditée » de la part de l’Algérie.
Un Drone Abattu, des Relations Tendues
Le Mali a mené une enquête approfondie après la destruction de son drone, concluant que l’appareil avait été abattu par des tirs de missiles sol-air ou air-air, alors qu’il se trouvait à 9,5 kilomètres au sud de la frontière algérienne, sur le territoire malien. Le ministère malien des Affaires étrangères a affirmé que l’épave du drone a été localisée à 441 mètres du point de rupture de liaison avec l’appareil, confirmant ainsi que l’incident s’est produit sur le sol malien.
Réactions et Mesures Diplomatiques
Face à ce qu’il considère comme un « acte d’agression inédit », le Mali a pris plusieurs mesures diplomatiques. Outre le rappel de ses ambassadeurs, le pays a convoqué l’ambassadeur d’Alger pour protester contre cette action, s’est retiré du Comité d’état-major conjoint (Cemoc), et a annoncé son intention de porter plainte devant des instances internationales pour actes d’agression.
Le Niger et le Burkina Faso, alliés du Mali au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), ont également rappelé leurs ambassadeurs à Alger, en signe de solidarité et de protestation contre l’incident.
Un Contexte de Dégradation des Relations
Ce rappel d’ambassadeurs n’est pas un événement isolé. Les relations entre le Mali et l’Algérie se sont détériorées ces dernières années, avec des accusations réciproques de soutien à des groupes terroristes et des tensions frontalières. En décembre 2023, les deux pays avaient déjà rappelé leurs ambassadeurs respectifs suite à une brouille diplomatique.
Le Mali accuse l’Algérie de maintenir une « proximité avec les groupes terroristes », notamment dans la région frontalière où l’armée malienne et ses alliés russes ont subi de lourdes pertes fin juillet. En janvier 2024, la junte malienne avait annoncé la fin de l’accord de paix d’Alger, signé en 2015, un accord considéré comme crucial pour la stabilité du pays.
Perspectives d’Avenir
Cette nouvelle crise diplomatique risque d’aggraver encore davantage les tensions dans une région déjà fragilisée par des conflits sécuritaires et des violences perpétrées par des groupes affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique. Les prochains jours seront déterminants pour observer les réactions des autorités algériennes et les éventuelles médiations internationales pour apaiser les tensions.
En attendant, le rappel des ambassadeurs par le Mali, le Niger et le Burkina Faso envoie un signal fort de mécontentement et de défiance envers l’Algérie, laissant présager des relations diplomatiques tumultueuses dans un avenir proche.
