Les tensions montent au Mozambique, où la Cour suprême a validé, lundi 23 décembre 2024, la victoire controversée du Frelimo, parti au pouvoir, lors des élections Face à cette situation tendue, des voix s’élèvent pour dénoncer le silence de la communauté internationale…
Depuis la décision de la Cour suprême du Mozambique entérinant la victoire du parti présidentiel à la présidentielle, le pays est en proie à des violences. Le bilan fait état de plus 135morts selon des ONG locales. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a dépêché une délégation sur place dans une tentative de médiation, mais le silence relatif de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et des gouvernements voisins suscite une vague d’indignation.
Des voix critiques contre l’immobilisme régional
La réaction timide des pays voisins est perçue comme un manque de courage politique face à la crise. « C’est un peu un pacte tacite entre partis historiques de la région : ‘je te protège, tu me protèges’ », explique Vhahangwele Tsotetsi, consultant en politique publique sud-africain. Il souligne que l’ANC, fragilisé en Afrique du Sud, préfère soutenir son allié historique, le Frelimo, plutôt que de dénoncer des irrégularités.
Pour Ndumba Kamwanyah, politologue namibien, cette prudence est révélatrice d’un conflit générationnel plus large. « La jeunesse se sent exclue de la politique en Afrique australe, dominée par l’ancienne génération. Ce qui se passe au Mozambique est un signal d’alarme pour toute la région : il est temps d’écouter les jeunes, notamment sur des enjeux comme le chômage. »
Une crise humanitaire qui s’aggrave
Les violences post-électorales ont entraîné un exode massif de la population. À Nsanje, au sud du Malawi, environ 2 500 familles ont fui les troubles, rapportant des récits de maisons incendiées et de commerces pillés. Pour faire face à cette crise, des centres temporaires ont été ouverts dans des écoles et des infrastructures communautaires. Le Département de gestion des catastrophes a distribué des vivres, tandis que l’UNHCR intensifie ses efforts en fournissant des aides supplémentaires.
Un avenir incertain
Alors que les appels au calme se multiplient, les perspectives de résolution de la crise restent floues. Certains observateurs appellent à l’organisation de nouvelles élections pour restaurer la confiance de la population, mais cette option semble peu probable compte tenu des solidarités entre les partis au pouvoir dans la région.
Pour l’heure, le Mozambique reste marqué par une profonde instabilité, et la communauté internationale est appelée à sortir de sa réserve pour prévenir une escalade aux conséquences imprévisibles.