
Au Sénégal, la situation dans les hôpitaux publics est devenue critique. Les médecins, à bout de patience, ont décidé de tirer la sonnette d’alarme en déclenchant une grève de 48 heures. Cette action fait suite à plusieurs mois de revendications restées sans réponse de la part des autorités. Les professionnels de santé demandent le recrutement de nouveaux médecins et une amélioration significative des salaires et des retraites dans le secteur public.
Des Couloirs Vides et des Urgences Assurées
Dans le département de neurochirurgie de l’hôpital de Fann, situé au cœur de Dakar, les couloirs sont presque déserts. Seules les urgences sont prises en charge. Le professeur Mbaye Thioub, neurochirurgien, exprime son désarroi face à la dégradation des conditions de travail :
« Moi, je suis surtout spécialisé dans le traitement des maladies neurovasculaires. Et aujourd’hui, même les clips pour traiter les anévrismes, on n’en a pas. On attend une commande qui n’arrive pas. Donc voilà, c’est une situation de précarité. C’est une situation d’insécurité », déplore-t-il.
Manque d’Infrastructures et de Personnel
Le docteur Oumar Gindo, médecin en santé publique au ministère de la Santé, confirme cette situation préoccupante. Il prend pour exemple la radiothérapie, essentielle dans le traitement du cancer :
« Actuellement, au Sénégal, il n’y a qu’une seule machine de radiothérapie qui fonctionne pour le cancer. Il n’y en avait que deux. Celle de l’hôpital Dalal-Jamm est en panne actuellement, c’est celle de Touba qui fonctionne. Il faut jusqu’à quatre à cinq mois pour obtenir un rendez-vous, vous imaginez ? Il faut vraiment que l’État fasse des efforts dans ce sens-là », insiste-t-il.
Le manque de personnel est également criant. Selon le docteur Gindo, il n’y a pas eu de recrutement de jeunes médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes depuis quatre ans, alors que le besoin est estimé à 18 000 médecins pour les hôpitaux publics du pays.
Une Répartition Inéquitable des Soins
Le syndicat autonome des médecins plaide pour une répartition plus équitable des soins sur l’ensemble du territoire. Après sept réunions avec les nouvelles autorités, les médecins attendent toujours une réponse concrète du gouvernement. La grève de 48 heures est un appel à l’action pour améliorer les conditions de travail et garantir un accès équitable aux soins pour tous les Sénégalais.
Cette situation met en lumière les défis auxquels est confronté le système de santé sénégalais et souligne l’urgence d’une intervention des autorités pour répondre aux besoins des professionnels de santé et des patients.