Gabon, les militaires s’emparent du pouvoir
Quelques instants après l’annonce de la réélection d’Ali Bongo, au pouvoir depuis 2009, un groupe d’une douzaine de militaires gabonais a annoncé ce mercredi 30 août l’annulation de l’élection présidentielle et la dissolution de «toutes les institutions de la République».
Un groupe d’une douzaine de militaires gabonais a annoncé l’annulation du scrutin, qui a officiellement vu le président sortant Ali Bongo être réélu. Se réclamant d’un «Comité de transition et de restauration des institutions», les putschistes ont également annoncé la dissolution de «toutes les institutions de la République». Dans un communiqué lu sur la chaîne de télévision Gabon 24, abritée au sein de la présidence, un des militaires a déclaré qu’après avoir constaté «une gouvernance irresponsable, imprévisible qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale risquant de conduire le pays au chaos […] nous avons décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place».
Dans leur allocution, les militaires ont également annoncé la fermeture de toutes les frontières jusqu’à nouvel ordre. Appelant «les populations, les communautés des pays frères installées au Gabon ainsi que les Gabonais de la diaspora au calme et à la sérénité».
Le président sortant était donné vainqueur de l’élection présidentielle
Quelques instants avant l’intervention télévisée des militaires, des résultats officiels de la présidentielle étaient présentés sur la télévision d’Etat. Selon ces résultats, le président sortant Ali Bongo Ondimba, au pouvoir depuis 14 ans, aurait obtenu un troisième mandat lors des élections de samedi avec 64,27 % des suffrages exprimés. Il aurait battu, dans un scrutin à un seul tour, son principal rival Albert Ondo Ossa, qui n’aurait recueilli que 30,77 % des voix, ainsi que 12 autres candidats qui n’ont récolté que des miettes, selon le président du Centre gabonais des élections (CGE), Michel Stéphane Bonda, qui s’exprimait à l’antenne de la télévision d’Etat Gabon 1ère. Le tout pour un taux de participation de 56,65 %.
Les résultats officiels ont été égrenés en plein milieu de la nuit, à 03H30 (02H30 GMT), sur la télévision d’État sans qu’aucune annonce de l’événement n’ait été faite préalablement. En plein couvre-feu donc, et alors que l’internet est coupé dans tout le pays, deux mesures décrétées par le gouvernement samedi avant la fermeture des bureaux de vote, afin de parer selon lui à la diffusion « de fausses nouvelles » et à d’éventuelles « violences ».