Les avocats de Sylvia et Noureddin Bongo ont vivement réagi samedi 21 décembre aux « allégations mensongères » de la justice gabonaise, qui affirme que leurs clients n’ont pas été victimes de torture.
Dès le 1er septembre 2023, les représentants légaux de l’ex-première dame, détenant les nationalités française et gabonaise, avaient déposé plainte pour détention « arbitraire ». Ils accusent les nouvelles autorités militaires, au pouvoir depuis le coup d’État du 30 août 2023, de la maintenir dans un lieu inconnu « en dehors de tout cadre légal ».
« C’est avec stupéfaction que nous avons pris connaissance du communiqué du procureur de la République de Libreville selon lequel nos clients seraient détenus dans des conditions normales et n’auraient pas été torturés. C’est faux », ont protesté dans un communiqué les avocats François Zimeray et Catalina de la Sota. Ces derniers ont pu rendre visite à Sylvia et Noureddin Bongo en prison pour la première fois jeudi.
Le procureur de la République, Bruno Obiang Mve, avait déclaré la veille, lors du journal télévisé de la chaîne publique Gabon 1ère, que les avocats François Zimeray et Gisèle Eyué Bekalé avaient « enfin pu rencontrer leurs clients » en prison jeudi. « Ces avocats ont constaté que leurs clients n’ont jamais été torturés au sein de la prison de Libreville », a-t-il affirmé. « Ces rencontres se sont déroulées librement et dans le strict respect des droits de la défense et de la confidentialité des échanges entre les avocats et leurs clients ».
« Nous sommes encore sous le choc »
À l’opposé, François Zimeray et Catalina de la Sota ont dénoncé « 17 mois de détention arbitraire reposant sur une mise en scène, durant lesquels les droits de la défense ont été constamment ignorés ». « Nous sommes encore sous le choc de ce que nous avons vu et contestons totalement les allégations mensongères d’un procureur manifestement aux ordres », ont-ils déclaré dans leur communiqué. Ils annoncent par ailleurs « prochainement des révélations inédites et précises à la presse ».
Les avocats ajoutent que « Sylvia et Noureddin Bongo ont subi des traitements cruels et dégradants ». Depuis le coup d’État du 30 août 2023, l’ancien président Ali Bongo Ondimba réside dans sa demeure privée à Libreville, où il est « libre de quitter le pays », selon le gouvernement. En revanche, l’ex-première dame, 61 ans, et son fils de 32 ans restent incarcérés à la prison centrale de Libreville.
Inculpations pour corruption et blanchiment
Selon les autorités, Sylvia et Noureddin Bongo ont été « inculpés pour des faits d’une extrême gravité ». Noureddin est notamment accusé de « corruption » et de « détournements de fonds publics », tandis que Sylvia Bongo est poursuivie pour « blanchiment de capitaux, recel, faux et usage de faux ».