Un modèle d’intelligence artificielle (IA) chinois nommé DeepSeek est en train de faire sensation dans le monde technologique. Depuis son lancement le 20 janvier, cette application a grimpé en flèche dans le classement des téléchargements sur l’Apple Store, captivant les spécialistes de l’IA et ébranlant les investisseurs.
Une menace pour la suprématie américaine ?
Le président américain Donald Trump a qualifié l’essor de DeepSeek de « sonnette d’alarme » pour les entreprises américaines, les exhortant à redoubler d’efforts pour maintenir leur avance technologique. Ce modèle chinois, construit à moindre coût par rapport aux géants de l’industrie comme OpenAI, remet en question la domination des entreprises américaines dans le domaine de l’IA.
L’une des conséquences les plus marquantes de cette ascension fulgurante est l’effondrement de Nvidia en bourse. La société de fabrication de puces a perdu près de 600 milliards de dollars en une seule journée, soit la pire chute boursière de l’histoire des États-Unis. Cette situation souligne l’impact de DeepSeek sur le marché et relance le débat sur la rivalité technologique entre Washington et Pékin.
DeepSeek : Une IA révolutionnaire ?
L’application DeepSeek, qui se veut accessible gratuitement sur l’App Store, repose sur un modèle baptisé R1, composé de 670 milliards de paramètres. Il s’agit du plus grand modèle de langage open-source jamais conçu, rivalisant avec les performances des modèles d’OpenAI dans des domaines comme les mathématiques, le codage et le raisonnement.
Toutefois, DeepSeek n’échappe pas à la censure chinoise. Comme d’autres IA développées en Chine, telles que Ernie de Baidu ou Doubao de ByteDance, il évite les questions sensibles. Lorsqu’on lui demande des informations sur les événements de la place Tiananmen en 1989, l’IA répond simplement : « Je suis désolé, je ne peux pas répondre à cette question. »
Qui est derrière DeepSeek ?
DeepSeek a été fondée en décembre 2023 par Liang Wenfeng, diplômé de l’université de Zhejiang en ingénierie de l’information électronique et en informatique. Peu connu du grand public, Liang est pourtant un acteur influent dans le secteur financier. Il est le PDG de High-Flyer, un fonds spéculatif qui exploite l’IA pour le trading quantitatif.
Contrairement aux figures emblématiques de la Silicon Valley, Liang considère que la Chine ne doit plus se contenter d’imiter les modèles américains, mais doit innover pour s’imposer sur la scène technologique mondiale. Il a récemment participé à une réunion organisée par le Premier ministre chinois Li Qiang, signe de l’importance stratégique de DeepSeek pour Pékin.
Un impact majeur sur le marché de l’IA
L’arrivée de DeepSeek rebat les cartes du secteur de l’IA, en démontrant que des modèles performants peuvent être développés avec un budget réduit et sans recours aux puces les plus avancées. Alors qu’OpenAI mobilise des milliards de dollars pour perfectionner ses modèles, DeepSeek aurait été conçu avec seulement 6 millions de dollars et en utilisant des puces Nvidia A100, interdites d’exportation vers la Chine depuis 2022.
Ce bouleversement inquiète les marchés financiers. Le 27 janvier, l’annonce de DeepSeek a provoqué une chute brutale de 3 % du Nasdaq, affectant particulièrement les fabricants de puces et les centres de données.
La Chine en passe de rattraper son retard ?
Le succès de DeepSeek est un atout majeur pour Pékin, qui cherche à développer son autonomie technologique. Si le Parti communiste chinois ne s’est pas encore exprimé officiellement, les médias d’État se réjouissent de voir la Silicon Valley et Wall Street « perdre le sommeil » face à cette nouvelle avancée.
Selon Marina Zhang, professeur associée à l’université de technologie de Sydney, DeepSeek incarne une « nouvelle ère d’innovation technologique » en Chine. Cependant, elle met en garde contre un risque d’isolement technologique, Pékin pouvant être tenté de restreindre davantage l’accès aux avancées occidentales.
DeepSeek ne se contente pas d’être une simple innovation technologique : il symbolise une réorganisation mondiale du secteur de l’IA. Alors que les États-Unis misaient sur leur avance en matière de puces et d’investissement, la Chine prouve qu’elle peut développer des modèles de pointe avec des moyens plus limités.
L’avenir dira si DeepSeek représente une réelle révolution ou une menace passagère pour la suprématie américaine en intelligence artificielle. Mais une chose est sûre : la compétition entre Washington et Pékin s’intensifie, et l’IA est désormais au cœur de cette bataille pour l’innovation.