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Conflit en RDC : les ONG limitent leur action face à l’occupation de Goma

La situation humanitaire en République démocratique du Congo (RDC) continue de se détériorer, particulièrement dans l’est du pays, où les violences sexuelles liées au conflit prennent une ampleur alarmante. Lors d’une réunion du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, tenue à Genève le 4 février, les organisations engagées dans la lutte contre ces crimes ont exprimé leurs inquiétudes quant à l’accès aux victimes et à la prise en charge des survivantes.

Un accès limité aux victimes dans le Nord-Kivu

Selon Emmanuella Zandi, directrice générale adjointe du Fonds congolais de réparations des victimes de violences sexuelles (Fonarev), près de la moitié des 220 000 victimes identifiées depuis novembre sont issues de la province du Nord-Kivu. Pour répondre à ce drame, le Fonarev avait mis en place des cliniques mobiles dans trois camps de déplacés autour de Goma. Cependant, l’occupation de la ville par le M23, appuyé par le Rwanda, a stoppé net ces initiatives.

« À ce jour, nous avons pu octroyer des soins médicaux et psychosociaux à plus de 10 000 victimes déplacées déjà identifiées, parmi lesquelles 58 % sont des femmes », rapporte Emmanuella Zandi. Parmi ces victimes, 20 % présentent des pathologies liées au viol, commis soit dans leur région d’origine, soit au sein des camps de déplacés. Au Nord-Kivu, 5 391 personnes ont été identifiées comme victimes de violences sexuelles, dont 3 886 femmes.

La présence des groupes armés à Goma prive désormais les ONG de la possibilité d’intervenir, compromettant ainsi les efforts entrepris ces derniers mois.

À la Une: Goma sous occupation… - Revue de presse Afrique

Une recrudescence des maladies sexuellement transmissibles

Le Programme national sectoriel de lutte contre le sida dans le Nord-Kivu signale une hausse des cas d’infections au VIH due à la persistance du conflit. Des centaines de nouveaux cas ont été détectés lors de campagnes de dépistage dans dix sites de déplacés. Ce constat met en lumière l’absence de mesures de prévention et de prise en charge adaptées pour les victimes de violences sexuelles.

L’urgence d’une prise en charge adaptée

Annie Modi, directrice de l’association « Afia Mama », qui lutte contre les violences sexuelles utilisées comme arme de guerre, alerte sur l’augmentation des cas de viols dans les zones en conflit. Elle insiste sur l’urgence d’un accès aux soins pour les victimes :

« Avec l’occupation partielle de Goma, nous constatons déjà des cas de violences sexuelles. Ce qui nous inquiète encore plus, ce sont les conséquences de ces agressions, car ces femmes et filles n’ont pas accès aux services de santé nécessaires à leur prise en charge. »

Elle craint que de nombreuses survivantes souffrent de maladies sexuellement transmissibles ou de grossesses non désirées, faute d’accès à des corridors humanitaires permettant une intervention efficace des ONG.

Un appel urgent à l’action

Face à cette crise, les organisations humanitaires demandent aux autorités congolaises et à la communauté internationale d’agir rapidement pour permettre l’accès aux victimes et garantir leur prise en charge. La sécurisation des couloirs humanitaires est essentielle pour que les ONG puissent continuer leur travail dans cette région où les violences sexuelles restent un fléau majeur du conflit.

Tant que la situation ne s’améliore pas, des milliers de femmes et de filles continueront de souffrir en silence, privées d’assistance et d’espoir.

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