L’accès au Canada peut s’avérer complexe pour les immigrants temporaires, en raison des règles strictes en vigueur. Cependant, ce ne sont pas toujours les autorités qui posent des obstacles. Pour le Congolais Olivier Kambere Kavulikirwa, c’est une compagnie aérienne qui a bouleversé la vie de sa famille.
Le 1er octobre, ses trois jeunes enfants, âgés de 4, 5 et 6 ans, ont été empêchés d’embarquer à l’aéroport d’Entebbe, à Kampala (Ouganda), par Qatar Airways. Ils devaient voyager avec leur mère pour rejoindre leur père, étudiant à Montréal. Depuis cet incident, les enfants sont bloqués dans un hôtel en Ouganda, loin de leurs parents, tous deux installés à Montréal.
Une situation incompréhensible
Olivier Kambere Kavulikirwa, 34 ans, ne parvient pas à comprendre pourquoi la compagnie aérienne a refusé de laisser ses enfants prendre l’avion. Pourtant, sa situation au Canada est en parfaite conformité avec la loi. Étudiant en maîtrise de santé publique à l’Université de Montréal, il dispose d’un permis d’études valide. Sa femme, Rose Kahambu Sambi, détient un permis de travail, tandis que les enfants ont des visas de visiteur.
Pourquoi, alors, un tel refus ? Qatar Airways justifie sa décision par l’absence de billets de retour pour les enfants. Selon la compagnie, cette situation pourrait les mettre en infraction avec les lois canadiennes et les exposer à des pénalités financières.
Kavulikirwa a tenté d’expliquer que ses enfants n’avaient pas besoin de billets de retour, puisqu’ils allaient résider au Canada avec leurs parents pendant toute la durée de ses études, soit environ cinq ans.
Appuis et démarches juridiques
Le 2 octobre, l’Université de Montréal a soutenu M. Kavulikirwa en envoyant une lettre officielle à Qatar Airways. Celle-ci précisait que les enfants étaient autorisés à entrer au Canada sans preuve de billet retour.
« Leur visa de visiteur leur permet de venir au Canada et de rester sur le sol canadien avec leur père, titulaire d’un permis d’études, et leur mère, titulaire d’un permis de travail », expliquait l’université. Elle demandait à la compagnie d’autoriser la famille à voyager. Malgré cette intervention, Qatar Airways a maintenu sa position. Dans un courriel daté du 7 octobre, adressé à la mère des enfants, la compagnie affirme :
« Notre personnel doit s’assurer que les passagers remplissent les exigences minimales d’immigration pour leur destination finale. Refuser l’embarquement peut parfois être une mesure prudente afin d’éviter des complications à l’arrivée. De plus, les compagnies aériennes encourent de lourdes amendes si elles transportent des passagers non conformes. » Rose Kahambu Sambi est arrivée seule à Montréal le 8 octobre pour débuter son travail.
Une lueur d’espoir
Face à cette impasse, Olivier Kambere Kavulikirwa a déposé une mise en demeure à l’encontre de Qatar Airways, le 1er novembre, pour demander la révision de leur décision et permettre à ses enfants de voyager. Par ailleurs, il a lancé une campagne de sociofinancement pour réunir les fonds nécessaires à l’achat de nouveaux billets d’avion. « Cette initiative vise à protéger la santé mentale de nos enfants, bien que cela représente un coût considérable », a-t-il confié.
En attendant une résolution, les enfants restent séparés de leurs parents, témoins malgré eux des défis auxquels peuvent être confrontées les familles d’immigrants dans des circonstances inattendues.