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Canada : Ottawa débordée par les demandes de résidence permanente

Le ministère canadien de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté est actuellement sous une pression sans précédent face à une accumulation massive de demandes de résidence permanente, notamment dans les catégories humanitaires. Selon les données officielles, les délais de traitement atteignent désormais cinq à sept ans, une situation inédite qui témoigne des nombreux défis auxquels est confrontée la politique d’immigration du pays.

Une accumulation de dossiers sans précédent

Depuis la pandémie de COVID-19, les demandes de résidence permanente au Canada ont fortement augmenté, et la capacité des services de l’immigration à traiter les dossiers a été durement affectée. Ottawa fait actuellement face à un arriéré de centaines de milliers de demandes. Parmi elles, les demandes humanitaires représentent une part importante. En effet, le Canada est perçu comme une terre d’asile pour de nombreuses personnes en situation de vulnérabilité, issues notamment de pays en proie à des crises économiques, sociales et politiques.

Selon des estimations du ministère de l’Immigration, plus de 800 000 demandes de résidence permanente restent en attente de traitement, tous types de catégories confondues. Ce chiffre englobe aussi bien les demandes humanitaires que les catégories économique et familiale. Le ministre de l’Immigration, Marc Miller, a reconnu que le système actuel de traitement des dossiers est dépassé par le volume croissant des demandes, affirmant qu’il faudra entre cinq et sept ans pour résorber cet arriéré.

Les causes de l’engorgement

Les experts expliquent cette situation par plusieurs facteurs convergents. D’abord, les restrictions de mobilité liées à la COVID-19 ont empêché le traitement régulier des dossiers et occasionné un retard substantiel. Ensuite, le Canada a fixé des objectifs d’immigration ambitieux dans le but de répondre aux besoins du marché du travail. Toutefois, la capacité des services d’immigration à traiter les dossiers n’a pas suivi cette dynamique.

Enfin, les conflits, l’insécurité alimentaire et les changements climatiques dans certaines régions du monde ont poussé davantage de personnes à chercher refuge dans des pays stables comme le Canada. En réponse, le pays a élargi ses programmes humanitaires pour inclure des groupes vulnérables comme les réfugiés afghans, syriens, et plus récemment les ressortissants d’Ukraine.

Des conséquences multiples pour les demandeurs

Les demandeurs de résidence permanente dans les catégories humanitaires sont particulièrement affectés par ces délais prolongés. L’attente de plusieurs années pour obtenir un statut permanent au Canada a des répercussions importantes sur leur vie. Nombreux sont ceux qui se retrouvent dans une situation d’incertitude, limitée en termes de droits sociaux et de possibilités d’emploi stable. De plus, ces délais rendent plus difficile leur intégration au sein de la société canadienne.

Pour certains demandeurs, ces longues périodes d’attente sont vécues comme un frein à la réunification familiale, car ils doivent patienter pour faire venir leurs proches. « Il est déchirant de savoir que je ne pourrai peut-être pas retrouver ma famille avant plusieurs années », confie Ahmed, un réfugié afghan actuellement en attente de sa résidence permanente.

Des efforts en cours pour accélérer le traitement

Le gouvernement fédéral a récemment alloué des fonds supplémentaires pour recruter plus de personnel et moderniser les infrastructures du ministère de l’Immigration. Dans cette optique, de nouvelles technologies, telles que l’automatisation et l’intelligence artificielle, sont en cours de déploiement pour accélérer le processus de traitement des dossiers.

Malgré ces mesures, le ministre Marc Miller admet qu’il faudra du temps pour voir des améliorations tangibles. Les organisations de soutien aux immigrants appellent par ailleurs à un accompagnement accru pour les demandeurs en attente. Selon elles, des solutions temporaires devraient être mises en place, telles que des permis de travail prolongés ou des aides au logement.

Une mobilisation nécessaire pour une solution durable

Les retards dans le traitement des demandes de résidence permanente au Canada mettent en lumière la complexité de la politique d’immigration dans un contexte mondial en mutation rapide. Pour de nombreux demandeurs d’asile et migrants, l’attente reste difficile et l’incertitude persiste. Afin d’honorer ses engagements humanitaires, le Canada devra innover dans sa gestion de l’immigration et adapter ses structures à la réalité actuelle.

En attendant, Ottawa s’efforce de concilier ses ambitions en matière d’accueil humanitaire avec la capacité réelle de ses services d’immigration à traiter les demandes.

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