» on ne se laissera pas faire », a écrit Maximilienne Ngo Mbe sur sa page Facebook après l’arrêté du ministre de l’Administration Territoriale suspendant le Réseau des droits humains en Afrique centrale (Rhedac) de toutes activités sur le territoire camerounais le 6 déc dernier pour » financements illicites et exorbitants ».
Deux décisions officielles ont été prises à l’encontre du Rhedac, le 6 décembre dernier par Atanga Nji. l’une suspend le Redhac pour une durée de trois mois, tandis que l’autre déclare sa nullité juridique pour « défaut d’autorisation et activités de nature à porter atteinte à l’intégrité du système financier national ». Cette dernière décision entraîne une interdiction définitive des activités de l’ONG sur le territoire camerounais. » On ne se laissera pas faire » a écrit Maximilienne Ngo Mbe sur sa page Facebook en rapport avec cette actualité.
Cette décision fait suite à des » investigations » , et à » une correspondance de l’Agence nationale d’investigation financière » du 7 juin 2021, peut-on lire sur les arrêtés portant suspension des activités du Rhedac. l’ONG est accusée de « financements illicites et exorbitants en inadéquation avec le profil de l’activité, activités de nature à porter atteinte à l’intégrité du système financier national, non-respect des dispositions légales relatives au fonctionnement d’un organisme à but non lucratif ; et absence de justification de la destination des financements reçus ».
L’affaire remonte en effet en juin 2020, lorsque Paul Atanga Nji organise une conférence de presse au cours de laquelle il accuse le Redhac d’être en intelligence avec l’extérieur pour déstabiliser le Cameroun. Il fait alors savoir que « les ONG comme Human Rights Watch, Amnesty International, International Crisis Group, OCHA, Redhac et bien d’autres sont engagées dans une démarche conspirationniste contre le Cameroun et contre les forces de défense et de sécurité ».
Ces ONG, assure Paul Atanga Nji, ont reçu plus de cinq milliards de FCFA des réseaux occultes tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays afin de « déstabiliser les institutions, démontrer que le Cameroun ne serait pas en mesure de gérer les déplacés internes et montrer que l’armée poserait des actes contre les civils dans les zones crisogènes ». Il somme alors ces ONG de produire, sous 60 jours, leurs rapports d’activités pour les exercices 2017-2018 et 2018-2019. Des accusations qui avaient fortement déplu au Redhac. Sa coordonnatrice, Maximilienne Ngo Mbe avait alors annoncé porter plainte contre le ministre de l’Administration territoriale. Quatre ans après, Paul Atanga Nji repasse à l’offensive en suspendant cette fois le Redhac.
Pour rappel, le Redhac a fait de la défense des droits de l’Homme son objectif d’existence. De ce fait, l’ONG a régulièrement dénoncé les atteintes aux droits humains dont se rendraient coupables les autorités camerounaises, notamment les Forces de défense et de sécurité et l’armée. Le Redhac apporte également son assistance judiciaire aux victimes de ces atteintes.