Le climat politique au Cameroun s’intensifie à mesure que l’année 2025 approche, marquant un tournant pour l’avenir du pays. Au cœur de ce tumulte, Mathias Owona Nguini, politologue influent et soutien affirmé de Paul Biya, a vivement critiqué les prises de position de certains évêques camerounais, notamment Barthélemy Yaouda Hourgo et Emmanuel Abbo, qui ont ouvertement exprimé leurs réserves quant à une éventuelle candidature du président sortant.
Des homélies sous le feu des projecteurs
Lors de la célébration du Nouvel An, les homélies de plusieurs évêques ont résonné comme des réquisitoires contre la gouvernance de Paul Biya. À la cathédrale de Yagoua, Mgr Barthélemy Yaouda Hourgo a prononcé des mots percutants : « On ne va pas souffrir plus que ça encore. On a déjà souffert. Le pire ne viendra pas. Même le diable qu’il prenne d’abord le pouvoir au Cameroun, et on verra après. »
Cette déclaration, acclamée par les fidèles présents, a enflammé les réseaux sociaux. De son côté, Mgr Emmanuel Abbo, évêque de Ngaoundéré, a dénoncé les souffrances des Camerounais dans des termes plus mesurés, mais tout aussi critiques.
La riposte acerbe de Mathias Owona Nguini
Face à ces prises de position, Mathias Owona Nguini n’a pas mâché ses mots. Sur ses réseaux sociaux, le politologue a dénoncé ce qu’il perçoit comme une tentative d’instrumentalisation de la religion à des fins politiques. « Chaque fois que les hommes de Dieu s’intéressent aux joyaux de César, ils suscitent en retour l’intrusion de César et de ses centurions dans la maison de Dieu pour en accaparer les trésors ! »
Owona Nguini a également qualifié ces critiques de « recette renouvelée de déstabilisation », accusant certains leaders religieux et organisations de chercher à « déboulonner » Paul Biya, comme cela aurait été le cas lors des mouvements sociaux de 2017-2018.
Un débat religieux ou politique ?
La virulence des propos d’Owona Nguini met en lumière un débat complexe entre foi et politique au Cameroun. Dans un autre commentaire, il s’interroge : « Pour montrer les étoiles, un serviteur de Dieu peut-il faire l’éloge du diable ? De quel catholicisme s’agit-il ? »
Pour lui, les critiques des évêques reflètent une posture complaisante qui détourne la religion de son rôle spirituel.
Un climat politique tendu
Alors que Paul Biya, âgé de 92 ans, semble déterminé à briguer un nouveau mandat, les tensions autour de sa candidature ne cessent de croître. Les critiques provenant d’institutions religieuses, souvent considérées comme neutres, illustrent la polarisation de la société camerounaise.
L’implication des leaders religieux dans les débats politiques pourrait-elle accentuer les divisions ? Pour Owona Nguini, la réponse est claire : la maison de Dieu ne doit pas devenir une arène politique. Mais pour de nombreux Camerounais, les églises restent un lieu où la voix du peuple trouve un écho, même face au pouvoir.
Le chemin vers les élections de 2025 s’annonce donc semé d’embûches, mêlant foi, politique et aspirations citoyennes.
