Les trois pays sahéliens du Niger, du Burkina Faso et du Mali, dirigés par des juntes militaires, ont décidé d’unir leurs forces pour faire face à la menace jihadiste en créant une « force unifiée » de 5 000 soldats. Cette annonce a été faite le 21 janvier par le général Salifou Mody, ministre nigérien de la Défense.
« Cette force unifiée, qui est pratiquement prête, a un effectif de 5 000 hommes. Elle disposera de moyens aériens, terrestres, de renseignement et d’un système de coordination. Il s’agit d’une question de semaines avant qu’elle ne devienne opérationnelle », a déclaré le ministre lors d’une interview accordée à la télévision publique nigérienne.
Une nouvelle étape dans la lutte contre le terrorisme au Sahel
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’Alliance des États du Sahel (AES), une confédération formée en 2024 par ces trois pays après les coups d’État successifs ayant renversé leurs régimes civils entre 2020 et 2023. Les membres de l’AES, qui représentent un vaste territoire de 2,8 millions de kilomètres carrés (soit quatre fois la superficie de la France), sont confrontés depuis plus d’une décennie aux attaques récurrentes de groupes jihadistes affiliés à Al-Qaida et au groupe État islamique.
« Nous sommes dans un même espace et nous faisons face aux mêmes types de menaces, notamment celles des groupes criminels. Il était impératif de mutualiser nos efforts », a souligné le général Mody.
Cette nouvelle armée conjointe marque un tournant stratégique en termes de coopération sécuritaire. « C’est nouveau, c’est original et c’est sécurisant pour notre espace et pour nos populations », a ajouté le ministre.
Une rupture avec la Cédéao et l’influence française
Les membres de l’AES ont également annoncé leur départ de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), une organisation qu’ils jugent inefficace face aux défis sécuritaires de la région. Cette décision sera effective dès le 29 janvier 2025, un an après l’annonce officielle.
En outre, l’AES reproche à la Cédéao d’être sous influence de la France, ancienne puissance coloniale, à laquelle le Niger, le Burkina Faso et le Mali ont tourné le dos ces dernières années. Ces pays privilégient désormais de nouveaux partenaires, notamment la Russie, dans leur quête d’autonomie stratégique.
Une réponse face à la zone des « trois frontières »
La nouvelle armée commune intervient dans un contexte où les attaques jihadistes se concentrent particulièrement dans la zone dite des « trois frontières », entre les trois pays. Jusqu’ici, les armées nationales menaient des opérations conjointes ponctuelles dans cette région. La mise en place de cette force unifiée constitue un renforcement significatif de la coopération militaire entre les trois États.
Avec cette initiative, le Niger, le Burkina Faso et le Mali ambitionnent non seulement de sécuriser leurs populations, mais aussi de démontrer leur capacité à relever collectivement les défis sécuritaires du Sahel, loin des schémas traditionnels de coopération imposés par les organisations internationales et les anciennes puissances coloniales.
Le compte à rebours est désormais lancé pour que cette force conjointe devienne une réalité sur le terrain.