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La chute du gouvernement dirigé par Michel Barnier, actée mercredi soir, plonge la France dans une phase de grande incertitude. L’adoption de la motion de censure suspend l’examen des projets budgétaires pour 2025, perturbant le fonctionnement des institutions publiques.
Bien que des mécanismes existent pour éviter un blocage total, les répercussions économiques sont significatives pour les ménages, les entreprises, et les finances publiques.
Une croissance sous pression et un déficit menacé
La démission de l’équipe Barnier, combinée à l’absence d’un budget validé pour 2025, pose des défis majeurs. Selon les économistes, même si un gouvernement intérimaire peut gérer les affaires courantes, il ne peut légalement présenter ou poursuivre les textes budgétaires en cours, rendant improbable l’adoption d’un budget dans les délais requis.
Maxime Darmet, économiste chez Allianz, estime que sans un budget cohérent, le déficit public pourrait grimper à 5,3 % du PIB en 2025, un chiffre bien au-delà des engagements européens de la France. Les mesures prévues, telles que la surtaxe sur les très hauts revenus ou les bénéfices des grandes entreprises, risquent de tomber à l’eau, aggravant la pression sur les finances publiques.
Impôts : une facture plus lourde pour les ménages
En l’absence d’un nouveau budget, le scénario d’un reconduction des règles actuelles entraînerait des conséquences immédiates pour les ménages. Près de 400 000 foyers pourraient entrer dans l’impôt sur le revenu, et quelque 18 millions de contribuables verraient leur charge fiscale augmenter, faute de réindexation du barème sur l’inflation.
Pierre Madec, économiste à l’OFCE, explique que même avec une indexation, les ménages dont les revenus progressent plus rapidement que l’inflation risquent de payer davantage, certains passant même dans une tranche supérieure.
Un impact sur les collectivités et l’investissement public
Les collectivités locales, dont les dotations d’État pourraient être gelées, figurent également parmi les perdants. Certaines pourraient compenser ce manque à gagner en augmentant les taxes locales, notamment la taxe foncière, prévient Maxime Darmet.
Par ailleurs, un gel des dépenses publiques compromettrait l’investissement public, un moteur essentiel de la croissance en France. Selon Charles-Henri Colombier, du centre de recherche Rexecode, une telle situation pourrait freiner la dynamique économique, tout en accentuant les incertitudes pour les ménages et les entreprises.
Secousses sur les marchés financiers
Les effets de cette instabilité politique se font déjà sentir sur les marchés financiers. Le taux d’emprunt à dix ans de la France a bondi de 2,86 % à 2,92 % en quelques heures, témoignant d’une perte de confiance des investisseurs. Le « spread » avec l’Allemagne s’est également creusé, atteignant 0,88 point, un niveau préoccupant.
Malgré tout, la Banque centrale européenne, avec sa politique de baisse des taux d’intérêt, constitue un facteur stabilisateur. Mais si la situation politique ne s’éclaircit pas rapidement, les investisseurs pourraient se détourner davantage de la France, aggravant les tensions financières.
Un avenir incertain
La démission du gouvernement Barnier ouvre une période de turbulence pour la France. Si des solutions d’urgence peuvent être mises en place, la fragilité économique et la défiance des marchés imposent des réponses rapides et efficaces. Tout retard pourrait entraîner une détérioration durable de la situation économique et financière du pays.