Montréal, Québec – Un juge de la Cour supérieure du Québec a ordonné la saisie de deux résidences de luxe appartenant à Robert Miller, fondateur de Future Electronics et figure majeure du monde des affaires canadien. Cette décision fait suite à des poursuites civiles déposées par quatre femmes accusant le milliardaire de les avoir exploitées sexuellement alors qu’elles étaient mineures.
Le juge Serge Gaudet, dans une décision rendue vendredi dernier, a autorisé la saisie avant jugement des deux propriétés situées à Westmount, un quartier huppé de Montréal. Les plaignantes ont avancé des arguments convaincants, affirmant qu’elles craignaient que Robert Miller, âgé de 81 ans, ne tente de dissimuler ses actifs pour échapper à toute éventuelle condamnation financière.
Une tentative présumée de dissimulation d’actifs
Dans une déclaration sous serment, les plaignantes allèguent que les deux maisons, évaluées à plus de deux millions de dollars chacune, étaient cotées depuis de nombreuses années sous des sociétés à numéro qui nommaient des avocats comme administrateurs. Depuis au moins 2005, le défendeur Robert Miller a utilisé des prête-noms pour dissimuler ses actifs, notamment les bâtiments 1 et 2
, peut-on lire dans le document.
Lors de l’audience, le juge Gaudet a souligné des éléments troublants concernant la gestion financière de M. Miller. « Il est troublant de constater que Miller, un milliardaire, n’a aucun compte bancaire à son nom », a-t-il déclaré, selon le procès-verbal de l’audience. Le magistrat a également noté « l’utilisation persistante et importante d’autres noms pour dissimuler les actifs de M. Miller ». Ces éléments ont renforcé les craintes des plaignantes et motivé l’application de cette mesure judiciaire exceptionnelle.
Des allégations graves et un système d’exploitation présumé
Les poursuites civiles déposées par les quatre femmes révèlent des allégations graves contre Robert Miller. Elles affirment avoir été recrutées alors qu’elles étaient encore au secondaire pour entretenir des relations sexuelles avec le milliardaire en échange d’argent. Selon elles, ces actes s’inscrivaient dans le cadre d’un système planifié d’exploitation sexuelle visant des jeunes filles mineures ou à peine majeures.
Les plaignantes réclament des millions de dollars en dommages-intérêts pour les préjudices qu’elles disent avoir subis. Ces accusations viennent ternir davantage l’image d’un homme autrefois reconnu pour son succès entrepreneurial et ses contributions à l’économie canadienne. Le milliardaire a toujours nié toutes les allégations, dont aucune n’a été prouvée devant le tribunal. Les poursuites visent également certains employés et associés de M. Miller.
Pour rappel, la police avait ouvert une première enquête sur Robert Miller en 2009, mais le service des poursuites de la province avait décidé de ne pas entamer de procédure à l’encontre du milliardaire. Finalement, ce sont les enquêtes journalistiques de CBC et Radio-Canada qui ont finalement permis de faire bouger les choses au printemps 2023. Mais les avocats du magnat de 81 ans ont affirmé plus tôt cette année que leur client souffrait de la maladie de Parkinson et était « en phase terminale », incapable de se laver ou de s’alimenter, laissant planer le doute sur le fait qu’il puisse, un jour, être jugé pour les faits dont on l’accuse.
Une affaire en cours qui pourrait faire jurisprudence
La saisie des résidences de Robert Miller constitue une étape importante dans cette affaire. Elle reflète la volonté de la justice québécoise de protéger les droits des victimes présumées tout en garantissant l’intégrité financière des poursuites civiles.
Robert Miller, qui n’a pas encore été reconnu coupable dans cette affaire, n’a pas commenté publiquement ces accusations. Cette affaire, particulièrement médiatisée, soulève des questions cruciales sur les responsabilités des élites économiques et les recours possibles pour les victimes d’abus sexuels.
L’attention reste braquée sur les prochains développements juridiques, alors que le Québec et le Canada observent avec intérêt cette bataille judiciaire in cours.