Les Gabonais ont approuvé à une écrasante majorité de 91,8 % la nouvelle constitution proposée par le régime militaire du général Brice Oligui Nguema. Ce résultat, annoncé dimanche par le ministère de l’Intérieur, marque un tournant majeur pour le pays, quelques mois après la chute du régime de la dynastie Bongo, au pouvoir depuis près de 55 ans.
Une participation en demi-teinte
Malgré cette victoire du « oui », le taux de participation s’est établi à 53,54 %, bien en deçà des premières estimations qui tablaient sur 71 %. Sur les 868 115 électeurs inscrits, seule une partie a répondu présent au rendez-vous historique du samedi 16 novembre, déposé un bulletin vert pour le « oui » ou rouge pour le « non ».
Des zones d’ombre dans le processus électoral
Si le référendum a été salué par certains comme un pas vers une réforme institutionnelle, le processus n’a pas été exempt de critiques. Le Réseau des Organisations de la Société Civile pour la Démocratie (ROC), qui avait déployé 250 observateurs sur le terrain, a signalé des irrégularités dans plusieurs bureaux de vote. « Les observateurs n’ont pas pu assister au processus de dépouillement dans certains bureaux », a affirmé le ROC, soulevant des questions sur la transparence du scrutin.
Une nouvelle ère pour le Gabon ?
Présentée par le régime militaire comme un outil de refonte institutionnelle, la nouvelle constitution entend répondre aux aspirations de réforme exprimées après le coup d’État du 30 août 2023, qui a mis fin au règne d’Ali Bongo Ondimba. Le général Oligui Nguema, devenu chef de l’État par intérim, a qualifié cette étape de « fondation d’un Gabon nouveau, juste et équitable ».
Cependant, les critiques pointent du doigt le manque de consultation populaire dans l’élaboration de ce texte. La concentration des pouvoirs entre les mains du régime militaire soulève également des inquiétudes quant à la réelle ouverture démocratique promise par cette refonte constitutionnelle.
Un avenir sous haute surveillance
Le résultat de ce référendum ne marque que le début d’un processus de transition complexe pour le Gabon. Si la victoire du « oui » ouvre la voie à de nouvelles institutions, les attentes des citoyens et de la communauté internationale en matière de gouvernance, de transparence et de respect des droits humains restent élevées. Avec ce référendum, le Gabon tourne une page de son histoire, mais le chemin vers une véritable démocratie pourrait encore être semé d’embûches.
Rappelons que la nouvelle loi fondamentale du Gabon, adoptée à l’issue d’un dialogue national au printemps dernier, comporte 173 articles. Parmi les dispositions majeures, on note l’instauration d’un mandat présidentiel de sept ans, renouvelable une seule fois, dans un régime présidentiel doté d’un pouvoir exécutif fort, sans Premier ministre, et excluant toute transmission dynastique du pouvoir.
Par ailleurs, l’accession au pouvoir de la junte menée par le général Brice Oligui Nguema, le 30 août 2023, a été marquée par l’instauration d’une « fête de la libération ». La nouvelle loi fondamentale prévoit également l’exonération de poursuites et de condamnations pour « les acteurs des événements allant du 29 août 2023 à l’investiture du président de la transition », le 4 septembre 2023.
Enfin, la nouvelle Constitution consacre la limitation à deux mandats présidentiels successifs, l’élection au suffrage universel direct et la définition du mariage comme étant réservé à deux individus de sexes opposés. Ces dispositions sont explicitement irrévisables.