La réunion des premiers ministres canadiens, tenue à Ottawa, s’est soldée par une impasse notable. Danielle Smith, première ministre de l’Alberta, a refusé d’apposer sa signature sur la déclaration commune, qui visait à coordonner la réponse canadienne face aux menaces de tarifs douaniers annoncées par l’administration Trump, à quelques jours de son investiture.
Une absence remarquée et une position tranchée
Danielle Smith, qui a participé à la rencontre virtuellement depuis l’Alberta, a brillé par son absence à la conférence de presse de clôture. Elle justifie sa décision par des différends persistants avec le gouvernement fédéral. Selon elle, des représentants d’Ottawa évoquent régulièrement, en privé et en public, la possibilité d’interrompre l’approvisionnement énergétique des États-Unis ou d’imposer des droits de douane sur les produits énergétiques de l’Alberta.
« L’Alberta n’acceptera tout simplement pas de tarifs douaniers à l’exportation de son énergie ou d’autres produits, pas plus qu’elle ne soutiendra une interdiction des exportations de ces mêmes produits », a martelé Danielle Smith dans une déclaration écrite.
Si elle reconnaît des échanges constructifs avec ses homologues provinciaux et un accord sur certaines stratégies, elle maintient que tant que ces menaces fédérales ne seront pas écartées, l’Alberta ne pourra pas adhérer pleinement au plan national.
La réaction de Doug Ford et Justin Trudeau
Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, n’a pas manqué de réagir. Lors de la conférence de presse, il a insisté sur l’importance de l’unité nationale :
« Protège ta juridiction, mais le pays vient en premier. Le Canada est la priorité. Nous devons être unis », a-t-il déclaré, en comparant le rôle vital de l’industrie pétrolière pour l’Alberta à celui de l’industrie automobile pour l’Ontario.
De son côté, le premier ministre Justin Trudeau a adopté une position ferme. « Nous allons évaluer tout ce que nous pouvons et nous assurer que c’est équitable à travers le pays, mais tout est sur la table », a-t-il affirmé, soulignant que des représailles commerciales contre les États-Unis, bien que délicates, restent une option envisageable.
Une opposition enracinée
L’opposition de Danielle Smith aux mesures fédérales impliquant les exportations de pétrole albertain n’est pas nouvelle. Dès le 12 décembre dernier, elle déclarait catégoriquement qu’elle refuserait toute initiative du gouvernement visant à utiliser les exportations énergétiques comme monnaie d’échange avec l’administration Trump.
Ses critiques se sont intensifiées lundi dernier, après une visite à Mar-a-Lago, où elle a averti que l’instauration de tarifs douaniers provoquerait une double crise : une crise d’unité nationale et une crise commerciale avec les États-Unis.
Vers Washington et l’inauguration de Trump
Alors que les tensions persistent, Danielle Smith prévoit de se rendre à Washington dans les jours à venir pour assister à l’inauguration de Donald Trump et participer à des rencontres avec des politiciens américains. Une occasion pour elle de défendre les intérêts de l’Alberta sur la scène internationale.
Une fracture nationale à surveiller
Le refus de l’Alberta de signer la déclaration commune souligne les défis croissants auxquels le Canada est confronté pour maintenir son unité face à des enjeux économiques et politiques majeurs. Avec une opposition claire entre Ottawa et Edmonton, la gestion des relations commerciales avec les États-Unis pourrait bien redéfinir les équilibres internes du pays.