La fermeture imminente de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) marque un tournant décisif dans la politique étrangère des États-Unis. Annoncée par Elon Musk, chargé par Donald Trump de rationaliser les dépenses fédérales, cette mesure met fin à l’un des principaux instruments d’aide au développement dans le monde.
Selon Musk, l’agence était devenue une « organisation criminelle » dont la disparition était nécessaire. Suite à cette annonce, le compte X de l’USAID a été suspendu, son site internet désactivé et plusieurs hauts responsables mis en congé administratif.
La fermeture de l’USAID s’inscrit dans la continuité du décret présidentiel signé par Donald Trump le 25 janvier 2025, gelant l’aide étrangère des États-Unis pour une durée de 90 jours, à l’exception d’Israël, de l’Égypte et de l’aide alimentaire d’urgence. Cette décision suscite de vives inquiétudes, notamment en Afrique, où l’agence est un acteur majeur du développement.
Un impact considérable sur les pays africains
L’USAID, créée par le Congrès américain, disposait d’un budget annuel de 42,8 milliards de dollars. En 2023, près d’un quart de cette somme, soit 17,4 milliards de dollars, avait été alloué à l’Afrique. L’agence intervenait dans des secteurs stratégiques tels que la santé publique, l’agriculture, l’éducation, la gouvernance et l’entrepreneuriat. Les principales nations bénéficiaires incluaient l’Éthiopie, la République démocratique du Congo, la Somalie, le Nigeria et le Soudan du Sud.
Dans certaines régions comme le Sahel et la Corne de l’Afrique, l’USAID mettait un accent particulier sur la sécurité et l’aide humanitaire. En Afrique de l’Ouest, elle soutenait la démocratie et le secteur de la santé, tandis que dans la région des Grands Lacs, ses efforts se concentraient sur la stabilité et la paix. Avec la disparition de l’agence, de nombreux programmes risquent d’être interrompus, mettant en péril les populations les plus vulnérables.
Le secteur de la santé en première ligne
Parmi les domaines les plus touchés par cette fermeture brutale figure la santé publique. L’USAID était l’un des principaux bailleurs de fonds des programmes de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose en Afrique. Son soutien a également été déterminant lors de la pandémie de Covid-19, notamment au Bénin où elle a aidé à renforcer la riposte sanitaire.
L’agence jouait un rôle essentiel dans l’amélioration des infrastructures médicales et la formation des ressources humaines. Elle contribuait à la mise en place de politiques de santé basées sur des données fiables et encourageait les investissements privés dans ce secteur. De plus, elle soutenait des initiatives majeures comme les campagnes de vaccination contre la poliomyélite. Sa fermeture pourrait ainsi ralentir considérablement les progrès réalisés en matière de santé publique sur le continent.
Vers une reconfiguration de l’aide au développement ?
Avec la disparition de l’USAID, les pays africains devront explorer de nouvelles sources de financement et revoir leurs stratégies de développement. L’Union africaine et d’autres partenaires internationaux pourraient être amenés à intensifier leurs efforts pour combler le vide laissé par les États-Unis.
Cette décision radicale pourrait également ouvrir la voie à une diversification des partenaires du continent africain. La Chine, l’Union européenne et d’autres puissances émergentes pourraient saisir cette opportunité pour renforcer leur influence en Afrique.
Quoi qu’il en soit, la fermeture de l’USAID constitue un tournant majeur dans les relations entre les États-Unis et l’Afrique. Alors que les conséquences de cette décision commencent à se faire sentir, les gouvernements africains devront rapidement s’adapter pour éviter une crise humanitaire et économique de grande ampleur.