Après trois jours d’intenses affrontements avec les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les milices locales Wazalendo, les rebelles du M23 ont pris le contrôle du chef-lieu de Masisi, samedi 4 janvier. Cette ville stratégique, située à environ 80 kilomètres à l’ouest de Goma, est tombée, entraînant un important exode des populations locales. Les hostilités ont repris dès le lendemain, dimanche 5 janvier.
Les combats ont redémarré à l’aube, avec une contre-offensive menée par les FARDC et les Wazalendo pour reprendre la localité de Ngungu et ses alentours. Selon Jean de Dieu Baramikwa, membre de la société civile, les affrontements se concentrent sur plusieurs collines du groupement Muvunyi Shanga.
Des combats violents sont signalés à Bitaata, Rwangara, Kamatale, Musumba et Ndumba, des collines stratégiques situées à la frontière entre le Nord et le Sud-Kivu. Muharuro Wetemwami François, une autorité locale, a confirmé une escalade de violence dans ces zones, où des détonations d’armes lourdes résonnent depuis dimanche matin.
Une bataille acharnée
Samedi, les Wazalendo, alliés aux FARDC, avaient annoncé avoir repris cinq bastions du M23, notamment Kamatale, Kasake, Kabingo, Luwizi et Lwangala. Mais dans la même journée, les rebelles ont revendiqué la prise de Masisi centre, chef-lieu du territoire. Avant la chute de cette ville clé, des affrontements avaient déjà eu lieu dans les localités de Lushebere et Kahongole.
Un habitant de Lushebere raconte : « Les combats entre le M23 et les FARDC ont commencé chez nous vers 10h et se sont poursuivis jusqu’à 12h30. Après le retrait des soldats et des milices locales, les rebelles ont avancé vers Masisi. »
Un sentiment de colère et de désespoir
La société civile congolaise dénonce l’avancée continue du M23, accusé d’être soutenu par le Rwanda. John Banyene, coordinateur provincial, appelle le gouvernement à abandonner le cessez-le-feu et à lancer une offensive pour reprendre les territoires occupés par les rebelles. « Nous avons perdu une bataille, mais pas la guerre. Nos autorités doivent agir. Ce qui nous révolte, c’est de voir l’armée rester sur la défensive pendant que le M23 progresse », déplore-t-il.
Une crise humanitaire en perspective
La prise de Masisi, confirmée par des sources sécuritaires et hospitalières, suscite de vives inquiétudes. Telesphore Mitondeke, rapporteur de la société civile, alerte sur une potentielle catastrophe humanitaire. « Une grande partie de la population a fui dans plusieurs directions, notamment vers Walikale, déjà touché par une offensive du M23 en octobre dernier. C’est un coup dur pour le pays, car Masisi est un territoire stratégique », explique-t-il.
Alors que les FARDC n’ont pas encore réagi officiellement, le M23 s’est empressé de revendiquer sa victoire sur son compte X. De leur côté, les milices Wazalendo ont annoncé la reprise de plusieurs villages aux mains des rebelles, témoignant de la complexité et de l’intensité des combats dans la région.
La situation demeure volatile, alimentant l’angoisse des populations locales et les craintes d’une aggravation de la crise sécuritaire et humanitaire au Nord-Kivu.