
Enlevé dans la soirée du mercredi 5 février à Bamako par des hommes en civil alors qu’il sortait de la mosquée, Daouda Magassa est actuellement détenu par la Sécurité d’État malienne, selon des informations recueillies par RFI. Cet opposant connu aux autorités de transition est soupçonné de jouer un rôle central dans le retour annoncé de l’imam Mahmoud Dicko, exilé en Algérie depuis plus d’un an.
Une arrestation stratégique
Selon une source sécuritaire malienne, Daouda Magassa était en première ligne pour mobiliser les partisans de l’imam en vue de son retour au Mali, prévu pour le vendredi 14 février. Son arrestation aurait donc pour objectif d’obtenir des informations sur les conditions de ce retour, ainsi que sur les sources de financement et les collaborateurs du religieux.
En tant que responsable des questions religieuses au sein de la CMAS (Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants de Mahmoud Dicko), Magassa ne se limitait pas à un rôle administratif. Il faisait également partie des porte-paroles de la commission de retour de l’imam, une figure influente et critique du pouvoir en place, capable de mobiliser d’importantes foules au Mali.
Un climat de pressions et d’intimidations
Pour les soutiens de l’imam Dicko, cette arrestation s’inscrit dans une stratégie d’intimidation visant à dissuader le religieux de rentrer au pays. Un proche du mouvement affirme que cette pression ne fait que commencer : « C’est de l’intimidation et ça va continuer », confie-t-il. Il ajoute avoir lui-même été menacé par téléphone et suivi dans les rues de Bamako ces derniers jours, tout comme d’autres membres de la CMAS. D’après lui, les services de renseignement maliens auraient même tenté d’infiltrer l’une de leurs réunions.
Le retour de l’imam Dicko toujours maintenu
Malgré ce climat tendu, la date du 14 février reste, à ce stade, maintenue pour le retour de l’imam Dicko à Bamako.
Concernant Daouda Magassa, sa famille avait envisagé de porter plainte pour enlèvement, mais aucune démarche judiciaire formelle n’a finalement été engagée. Ses proches privilégient pour l’instant des discussions informelles avec des personnalités influentes du régime afin d’obtenir sa libération.
La situation reste donc sous haute tension, avec un pouvoir de transition qui semble prêt à tout pour contrer le retour d’un opposant de poids.