Le paysage politique gabonais connaît un tournant majeur avec l’adoption, dans la nuit du 20 au 21 janvier, du nouveau code électoral. Ce texte offre désormais aux magistrats et militaires, y compris au Général Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la Transition, la possibilité de briguer la magistrature suprême lors de l’élection prévue dans sept mois.
Une décision aux allures de rupture
Ce nouveau code électoral, fruit des recommandations issues du dialogue inclusif d’avril 2024, marque une rupture notable avec l’article 25 de la Charte de l’Union Africaine sur la démocratie. Bien que l’Union Africaine interdise aux autorités issues de coups d’État de participer aux scrutins de retour à l’ordre démocratique, la suspension du Gabon des instances panafricaines depuis août 2023 offre une échappatoire.
Ainsi, le texte stipule que les militaires et magistrats aspirant à se présenter devront prendre une mise en disponibilité préalable. Une mesure qui lève le voile sur l’hypothèse d’une candidature du Général Oligui Nguema, longtemps objet de spéculations.
Une pression populaire croissante
Cette décision intervient dans un contexte de pressions populaires croissantes. Depuis plusieurs mois, des marches et motions de soutien se multiplient à travers le pays, appelant le Général Oligui Nguema à entrer en lice. Ces appels sont portés par un peuple exprimant sa confiance envers celui qui dirige la Transition, bien que le Gabon traverse une période économique difficile, marquée par une baisse des recettes pétrolières et des tensions avec les bailleurs de fonds.
Un cadre légal renouvelé
Outre le code électoral, la nouvelle constitution, adoptée par référendum en novembre 2024, prépare également le terrain. Limitant désormais les mandats présidentiels à deux, pour une durée de sept ans chacun, elle symbolise une volonté affichée de rupture avec l’ancien ordre politique. « La cinquième République doit incarner de nouveaux visages et des méthodes inédites », déclarait Brice Clotaire Oligui Nguema en décembre 2024, tout en appelant les Gabonais à patienter face aux défis de la Transition.
Une opposition divisée
Du côté de l’opposition, les critiques se font entendre. Plusieurs figures, telles qu’Alain-Claude Bilie-By-Nze, Pierre-Claver Maganga Moussavou, et Albert Ondo Ossa, dénoncent ce qu’ils perçoivent comme une confiscation du pouvoir par les militaires. Lors d’une conférence de presse tenue à Libreville le 8 janvier, ces leaders ont exhorté les membres du CTRI à ne pas se porter candidats, affirmant qu’un tel geste trahirait l’esprit de la Transition.
Vers une candidature officielle ?
Pour de nombreux observateurs, la candidature du Général Oligui Nguema semble désormais inéluctable. Lors d’un discours en juillet 2024 à Tchibanga, il déclarait : « Si en dix mois on a pu faire ça, c’est qu’en sept ans on fera plus. » Un message interprété comme un indice clair de ses intentions.
Avec un scrutin prévu dans sept mois, le Gabon s’apprête à entrer dans une période décisive de son histoire. Si la candidature du Général venait à être officialisée, elle marquerait un tournant dans la Transition, ouvrant une nouvelle page pour un pays en quête de stabilité et de renouveau.