Dans une publication retentissante sur sa page Facebook, le journaliste camerounais Jean Bruno Tagne a remis sur la table la question de la gestion de l’argent public par Samuel Eto’o, président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot).
L’intervention du journaliste fait suite à une correspondance adressée le 20 novembre 2024 par Eto’o au secrétaire général de la présidence de la République, sollicitant une subvention de 560 millions de francs CFA pour l’organisation des championnats MTN Elite One et Two.
Un rejet significatif de la présidence
La réponse du secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, a été claire et cinglante. Plutôt que de répondre favorablement à cette demande, la correspondance de la Fécafoot a été redirigée vers le ministère des Sports, avec pour instruction au ministre Narcisse Mouelle Kombi de mener les consultations nécessaires avec les acteurs concernés et d’en rendre compte. Cette démarche illustre une volonté manifeste de transparence dans un contexte marqué par des soupçons croissants sur la gestion des fonds publics par la Fécafoot.
Où sont les 2 milliards de la Coupe du Monde ?
Les critiques à l’encontre de Samuel Eto’o ne se limitent pas à cette requête. Jean Bruno Tagne rappelle qu’à la veille de la Coupe du Monde 2022, la Fécafoot avait obtenu un prêt de plus de 2 milliards de francs CFA auprès du gouvernement, somme qui n’a jamais été restituée au Trésor public. Par ailleurs, plusieurs présidents de clubs continuent de réclamer les subventions qui leur sont dues, ainsi que leur part des bénéfices issus de la participation du Cameroun à la Coupe du Monde et des contrats publicitaires.
Lors d’une récente réunion entre le ministre des Sports et les acteurs majeurs du football camerounais, les présidents de clubs ont unanimement exprimé leur défiance envers Samuel Eto’o. Ils demandent désormais que les subventions étatiques leur soient directement versées, contournant ainsi la Fécafoot.
Une addiction à l’opacité ?
Selon Jean Bruno Tagne, Samuel Eto’o a montré une incapacité notoire à gérer les finances de manière transparente. « Continuer à lui remettre l’argent public, c’est au mieux de la légèreté et au pire de la complicité », déclare-t-il avec gravité. Le journaliste dénonce également ce qu’il appelle « la culture de la sébile », accusant Eto’o de solliciter les fonds publics avec empressement, tout en esquivant les comptes à rendre.
Un débat national sur la gestion des fonds publics
Cette affaire dépasse le cadre du football et soulève une problématique plus large sur la gestion des fonds publics au Cameroun. Tagne invite à la même rigueur pour les projets non réalisés, comme l’autoroute Douala-Yaoundé ou le stade d’Olembé, qui reste inachevé malgré des financements colossaux.
Dans ce contexte, la question essentielle reste en suspens : jusqu’à quand l’argent public continuera-t-il à être dilapidé sans reddition de comptes ? Pour Jean Bruno Tagne et une partie de l’opinion publique, l’exigence de transparence n’est pas une option, mais un impératif.