
Ce mardi 11 février 2025, le Cameroun célèbre la 59ème édition de la Fête de la Jeunesse sous le thème : « Jeunesse, maturité et responsabilité pour la consolidation de la paix, de la sécurité, de la croissance économique et du processus démocratique ». Un rendez-vous annuel marqué par les défilés d’élèves et d’étudiants à travers le pays, mais aussi par l’allocution présidentielle de la veille.
Paul Biya, comme de coutume, s’est adressé à la jeunesse camerounaise dans un contexte politique particulier, à quelques mois de l’élection présidentielle d’octobre.
Un discours teinté de promesses et de mises en garde
Dans son discours prononcé le lundi 10 février 2025, Paul Biya a d’abord tenu à féliciter les Lions Indomptables pour leur qualification à la prochaine Coupe d’Afrique des Nations (CAN), prévue au Maroc. Il a ensuite abordé la crise qui secoue le football camerounais, appelant à la concorde et à la solidarité entre les différents acteurs du milieu sportif.
Mais c’est sur les questions d’emploi et de formation que le chef de l’État a consacré l’essentiel de son intervention. Il a annoncé la mise en place d’un nouveau cadre pour les primo-demandeurs d’emploi, sans détailler les modalités concrètes de cette initiative. « Je continuerai d’être à vos côtés pour relever les défis auxquels vous êtes confrontés », a-t-il déclaré, réaffirmant ainsi sa volonté de rester actif sur la scène politique malgré les interrogations récurrentes sur son âge avancé et son état de santé.
Dans un contexte de pré-campagne, Paul Biya a appelé les jeunes à ne pas céder aux « sirènes du chaos » et a fustigé les « promesses fallacieuses » de l’opposition. Une manière pour lui de désavouer ses détracteurs tout en exhortant la jeunesse à préserver la stabilité du pays.
Des réactions mitigées sur les réseaux sociaux
Si le discours présidentiel a respecté les codes habituels, il n’a pas suscité un grand enthousiasme parmi les jeunes Camerounais. Sur les réseaux sociaux, les réactions oscillent entre ironie, lassitude et indignation.
Certains internautes n’ont pas hésité à interpeller directement le président sur la longévité de son règne. « Va te reposer au village, le père », a lancé un utilisateur, résumant le sentiment d’une partie de la population qui aspire à un renouvellement du leadership. D’autres ont exprimé leur frustration face à la stagnation socio-économique du pays : « Nous n’attendons plus rien de toi. Le seul véritable service que tu peux rendre au Cameroun, c’est de démissionner et laisser un autre panser nos blessures », a écrit Daniel Labou.
Certains commentaires ont même tourné en dérision la répétition des discours présidentiels : « Ce qui est bon dans le fait de durer au pouvoir, c’est que les chargés de communication ne souffrent plus. Ils ne font que changer les dates qui sont dans les discours », ironise un internaute. D’autres encore ont critiqué le manque d’actions concrètes en matière d’emploi et de conditions de vie : « Le Cameroun est triste ce soir, le papy de 92 ans nous refuse la place », souligne un autre commentaire.
Une jeunesse en quête d’espoir
La Fête de la Jeunesse, censée être un moment de célébration et d’espoir, se déroule cette année dans un climat de défiance envers les autorités. Si Paul Biya a tenté de rassurer en promettant un engagement renouvelé pour la jeunesse, les réactions montrent que beaucoup de jeunes Camerounais se sentent laissés pour compte et doutent de la capacité du gouvernement à améliorer leur quotidien.
Dans les prochains mois, avec l’approche de l’élection présidentielle, la jeunesse camerounaise pourrait jouer un rôle clé dans la redéfinition du paysage politique du pays. Reste à savoir si les promesses de Paul Biya suffiront à convaincre cette nouvelle génération en mal de perspectives ou si elle préférera exprimer son mécontentement dans les urnes.