Un tribunal sud-coréen a émis ce mardi un mandat d’arrêt contre le président déchu Yoon Suk Yeol afin de l’obliger à se présenter devant les enquêteurs. Ces derniers mènent des investigations sur sa tentative avortée d’imposer la loi martiale.
« Le mandat d’arrêt et le mandat de perquisition contre le président Yoon Suk Yeol […] ont été lancés ce matin », a déclaré dans un communiqué l’institution chargée de l’enquête conjointe contre M. Yoon. Aucun calendrier précis n’a été déterminé pour la suite des procédures, a-t-elle ajouté.
Une première historique
C’est la première fois dans l’histoire de la Corée du Sud qu’un président en exercice fait face à une telle mesure judiciaire. Yoon Suk Yeol est toujours officiellement en poste dans l’attente de la décision de la Cour constitutionnelle sur sa destitution, votée le 14 décembre par l’Assemblée nationale.
Le président avait provoqué une onde de choc dans le pays le 3 décembre dernier, en proclamant de manière inattendue la loi martiale et en envoyant l’armée au Parlement pour tenter de le mettre sous silence. Face à une forte pression des députés et de milliers de manifestants, il avait été contraint de faire marche arrière avant l’aube le lendemain.
Enquête et interdictions
M. Yoon fait actuellement l’objet d’une enquête pour rébellion, un crime passible de la peine de mort. Il lui est également interdit de quitter le territoire. Malgré plusieurs convocations, l’ex-procureur de 64 ans a refusé à trois reprises de se présenter pour être interrogé, ce qui a motivé la demande d’un mandat d’arrêt contre lui.
Bien que le mandat ait été émis, il n’est pas certain que les autorités puissent procéder à son arrestation. Les services de sécurité de M. Yoon avaient déjà fait obstruction à plusieurs perquisitions, bien qu’elles soient autorisées par mandat. La police a toutefois été déployée devant sa résidence à Séoul, tandis que des manifestants favorables et opposés au président continuent de s’affronter dans les rues.
Chaos politique
La Corée du Sud traverse une crise politique sans précédent. En plus de l’enquête sur Yoon Suk Yeol, l’Assemblée nationale a déstitué vendredi dernier le président intérimaire Han Duck-soo, accusé de bloquer les investigations. Le ministre des Finances, Choi Sang-mok, assure désormais l’intérim, mais il doit faire face à une tragédie nationale : un écrasement d’avion dimanche à Muan a causé la mort de 179 des 181 passagers.
Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour l’avenir du pays, alors que les regards sont tournés vers la Cour constitutionnelle et son verdict sur la destitution de Yoon Suk Yeol.