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Cameroun/Gestion durable des espaces verts en milieux urbains :Halte aux prédateurs de l’incivisme

Les usagers sollicitent plus d’entretien des jardins publics. Nos métropoles se verront attractives si ces jardins publics reçoivent régulièrement les entretiens nécessaires et une sensibilisation des populations sur les actes d’incivisme.

Si quelques efforts des autorités sont faits pour que nos villes soient davantage attrayantes, les autorités ont intégré, dans leur plan de construction, des espaces verts qui servent également de jardins publics. Il s’agit d’endroits bien aménagés et dans lesquels l’on a construit des petites infrastructures qui permettent aux citoyens de passer des moments agréables dans la cité. Des bancs publics, des fleurs de toute espèce et quelques arbustes plantés amènent les visiteurs à s’évader dans la nature en vue de profiter de moments de pur bonheur, loin des klaxons des véhicules et des odeurs de tout genre. Avec des infrastructures toutes neuves, le séjour est encore plus alléchant pour tout visiteur de ces espaces. Mais, depuis quelque temps, il est observé que nombre de ces jardins publics sombrent dans l’insalubrité et semblent abandonnés à leur sort par les autorités municipales.

Lieu-dit Province, en plein cœur de la capitale.

Un visiteur nous a décrit ce qu’il a vu dans un jardin public. «Je suis dans le regret de vous dire que les ordures jonchent le sol. Entre des pots de yaourt vides et les déchets d’autres emballages, je vous jure que ces endroits sont devenus méconnaissables. Je n’ose pas imaginer le lointain jour où une tondeuse est passée sur le gazon», a-t-il déclaré, avant de conclure que des mesures urgentes s’imposent pour redonner vie à nos jardins publics.

Les jardins publics foisonnent mais l’entretien ne suit pas

Les jardins publics se comptent en quantité suffisante dans certaines de nos métropoles, mais les mairies des villes peinent à les entretenir. Pourtant, ils pourraient être de véritables espaces de récréation pour les populations et même les touristes Les Jardins publics se sont multipliés ces derniers temps dans la ville de Yaoundé, ville que les plus anciens appellent affectueusement Ongola ou encore la Ville aux 7 collines. Ces jardins ont été créés dans presque tous les quartiers et ont contribué, il y a quelques temps, à rehausser l’éclat de ceux-ci. L’on peut citer, entre autres, les espaces verts de Nkolbisson au niveau de l’échangeur, la place Charles Atangana, les cascades du Mfoundi, la place de l’Indépendance et, surtout, les bois Sainte Anastasie du centre-ville.
Ces espaces publics font le bonheur des usagers qui parcourent les différents services administratifs et peuvent y trouver un repos paisible. Les amoureux ont aussi fait de ces endroits des lieux d’évasion. Accompagnés par les sifflotements des oiseaux et profitant de l’air frais, les hommes et femmes spirituels y font leurs séances de méditation, au même titre que les élèves et les étudiants qui préparent leurs examens. Et en plus d’être une ville verte, Yaoundé est aussi une ville touristique qui accueille des milliers d’étrangers par an, lesquels sont séduits par ses espaces verts. Malheureusement, ces espaces ne sont pas suffisamment entretenus, à l’exception de quelques-uns nouvellement créés dans la ville et qui, visiblement, reçoivent encore l’attention des pouvoirs publics. Même si la verdure est présente, ce sont les ordures qui traînent au sol. Les fleurs ne sont pas régulièrement taillées, tout comme le gazon qui peine à dévoiler sa beauté car envahi par les mauvaises herbes. Quant aux bancs publics, ils sont régulièrement vandalisés.

La situation alarmante du Jardin public situé derrière le carrefour MEEC.

La situation est alarmante, les jardins publics de Yaoundé se meurent à petit feu. «Je suis récemment allé dans un jardin public situé derrière le carrefour MEEC pour y passer des moments glorieux en famille, mais j’ai regretté d’avoir choisi cet endroit. Je vous jure, l’herbe a poussé de partout. Ce lieu jadis bien est devenu tellement sale que je n’y mettrai plus jamais les pieds. Tout est devenu moche, y compris le petit lac qui attirait les visiteurs», témoigne Alexandre Temgoua, habitué des jardins publics de Yaoundé. Pour lui, « la mairie de la ville doit prendre des mesures pour rendre ces endroits de nouveau attractifs. Yaoundé mérite mieux. J’invite les usagers à être plus responsables, car certains ignorent des bacs à ordures quand bien même ceux-ci sont positionnés. Mais ces endroits souffrent aussi de l’absence de toilettes publiques ».

Actes d’incivisme au Bois Sainte Anastasie

On le voit bien, cet espace de loisirs sensé détendre les citoyens est devenu un refuge d’actes d’incivisme. La faute à un public pas toujours sensibilisé et qui brille par des actes d’incivisme tels qu’uriner et jeter des ordures dans le ruisseau qui passe à côté. Quand il ne déverse pas simplement ses urines sur la pelouse. La pelouse est également jonchée d’emballage en plastique de toutes sortes. Les multiples couleurs de ces emballages font croire à une décoration du sol. Selon un agent chargé de la propreté, « cette eau provient de plusieurs rivières et des fosses de la ville de Yaoundé. C’est elle qui produit les moustiques dont se plaignent les clients. Par rapport à l’état de saleté, le bois fait face à des problèmes d’organisation et d’incivisme. Ici, on dispose de tout pour mettre la propreté ». Malgré cet environnement peu propice aux loisirs, plusieurs personnes vont au bois Saint-Anastasie. Elles défient cette insalubrité pour diverses raisons. Certains y vont pour des rencontres amoureuses ponctuées de séances de photos. D’autres avouent y aller pour se détendre et sentir le vent qui souffle dans tous les sens alors que, pour les opérateurs économiques, c’est un lieu où on peut conclure des affaires juteuses en toute discrétion

Construction des bâtiments à usage commercial sont en cours de construction sur des sites réservés aux espaces verts au lieu-dit Camp SIC Bonamoussadi à Douala.

C’est un courrier en date du 15 novembre 2023 que le ministre de l’Habitat et du Développement urbain Célestine Ketcha Courtès a adressé au maire de la ville de Douala Roger Mbassa. « Il m’a été donné de constater que des bâtiments à usage commercial sont en cours de construction sur des sites réservés aux espaces verts au lieu-dit Camp SIC Bonamoussadi. Y faisant suite, en vous rappelant le rôle essentiel des espaces verts urbains dans l’épanouissement des populations, j’ai l’honneur d’attirer votre attention sur le désordre urbain qu’engendrera l’exploitation desdits bâtiments érigés en violation des règles d’urbanisme, notamment la création de petits commerces aux environs et la perturbation de la mobilité urbaine dans la zone concernée », écrit le ministre Célestine Ketcha Courtès dans sa correspondance au maire de Douala Roger Mbassa Ndine.« (…) voudriez-vous bien prendre toutes les dispositions nécessaires pour procéder d’une part à la démolition des bâtiments concernés et d’autre part, à la sensibilisation des résidents des camps SIC sur le respect des espaces verts », lit-on dans le courrier adressé au maire de Douala.

Le Musée National menacé

Il a été souvent sujet à l’organisation de plusieurs cérémonies nationales et internationales. Les occupants créent des dégâts sur les espaces verts, sans prendre le soin de dégager le matériel ayant aidé à l’occupation après la cérémonie. L’on se souvient du dernier Salon International de l’artisanat. Ce sont des planches, tôles, fers, bâches qui décolorent, tuent le gazon et autres. Une situation qui nous plonge dans la réflexion de savoir si désormais les grands événements doivent trouver des endroits plus appropriés comme le palais des congrès, le palais des sports, et bien d’autres.

L’exemple qui vient du Pole Art Topiaire et floral, une coordination du Ministère des Arts et de la Culture.

Sur la rue Jean Paul 2, se trouve un véritable paradis végétal qui charme tous ceux qui ont la chance de s’y promener : « le jardin de l’unité ». Ici, les visiteurs sont transportés dans un monde de douceur et de sérénité. Les allées ombragées par de majestueux dessins floraux invitent à la flânerie, tandis que les parterres fleuris offrent un festival de couleurs et de parfums envoûtants.
C’est depuis plusieurs mois que le pôle art topiaire et floral, une coordination du Ministère des arts et de la culture est engagé dans un vaste programme en collaboration avec le Ministère des Arts et de la Culture à l’égard de la restauration des jardins du musée national, l’aménagement des talus de la ville de Yaoundé, la réhabilitation des espaces, qu’ils soient floraux, paysagers ou topiaires. Ce vaste chantier constitue un véritable témoignage de l’engagement du Ministère en faveur de la préservation du patrimoine artistique et culturel de notre nation.

Ce pôle voudrait entreprendre aussi avec la collaboration du Ministère un inventaire exhaustif des espèces végétales découvertes lors de ce processus, ainsi que celles qui ont été ajoutées pour enrichir la diversité botanique des jardins. Une initiative qui contribuera non seulement à la documentation scientifique mais également à sensibiliser le public à la richesse de notre biodiversité.

Après le Musée National, l’attention a été porté il y’a quelques semaines sur le projet de donner vie à une façade basse du Palais des Congrès, située dans le trajet présidentiel, rue Jean Paul II à l’effet d’embellir cet espace stratégique, fréquenté par d’éminents invités de marque de notre Président de la République, Son Excellence Paul Biya, serait une contribution significative à l’esthétique de notre capitale.

Ce travail d’embellissement a été engagé depuis le 14 février avec l’autorisation du Directeur Général du Palais des congrès qui d’ailleurs a apporté son soutien en approvisionnement en eau pour l’arrosage. Le travail consistait à l’aménagement paysager d’une fresque sur une portion du talus incluant des sculptures emblématiques matérialisant les dix régions, de l’écriture végétale vivante symbolisant les emblèmes, un tapis de plantes ornementales représentant le drapeau tricolore, et quatre massifs évoquant les quatre aires culturelles. Des formes d’expression qui concourent à matérialiser l’unité du Cameroun.

« Ce projet qui a un aspect social et économique pourra aider les jeunes à la lutte contre la pauvreté, car ce sont de nouveaux métiers dans le cadre de l’insertion, la réinsertion, et reconversion des jeunes et adultes », a expliqué Madame Tsala BELIBI née ZOUGA OWONA Ursule Pulchérie, Coordonatrice Nationale du Pôle Art Topiaire et Floral.
Le projet de valorisation des talus de la ville de Yaoundé entend poursuivre cette dynamique sur plusieurs points stratégiques avec la collaboration des partenaires. Plusieurs administrations notamment la Mairie de la ville de Yaoundé ainsi que les maires des sept arrondissements. Le projet entend s’étendre dans les autres villes.

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