
L’étau judiciaire se resserre autour de l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro. Mardi, il a été inculpé pour un projet présumé de « coup d’État » visant à empêcher le retour au pouvoir de son successeur, Luiz Inácio Lula da Silva, après le scrutin de 2022.
Une Annonce Fracassante
La nouvelle est tombée en soirée : la justice brésilienne a détaillé dans un communiqué l’inculpation de l’ancien dirigeant d’extrême droite (2019-2022) ainsi que de 33 autres suspects. Ces derniers sont accusés d’avoir exécuté des actes contraires aux trois pouvoirs et à l’État de droit démocratique. L’acte d’accusation a été remis à la Cour suprême, qui doit maintenant décider de l’ouverture ou non d’un procès.
Un Plan de Coup d’État Présumé
Selon le parquet, cette conspiration présumée était dirigée par Jair Bolsonaro et son candidat à la vice-présidence, Walter Braga Netto. Alliés à d’autres individus, civils et militaires, ils auraient tenté d’empêcher, de façon coordonnée, que le résultat de l’élection présidentielle de 2022 soit appliqué.
Les investigations ont révélé que le plan de coup d’État envisageait même l’assassinat du président et du vice-président élus, ainsi que d’un juge de la Cour suprême. Ce plan, intitulé « Opération poignard vert et jaune » (les couleurs du drapeau brésilien), devait être exécuté par des membres des forces spéciales de l’armée après la victoire électorale de Lula en octobre 2022 et avant son investiture le 1er janvier 2023.
Un Échec Dû au Manque de Soutien
Ce projet n’a pas abouti en raison de circonstances allant contre sa volonté, notamment le manque de soutien des principaux acteurs de l’armée brésilienne. Le rapport de la police fédérale, long de 800 pages, présente des preuves réunies durant deux ans d’enquête, détaillant l’implication présumée de l’ex-président dans ce projet.
Une Tentative Désespérée
Le rapport fait également état de l’implication présumée de Jair Bolsonaro dans l’ébauche d’un décret qui aurait justifié la déclaration de l’état de siège pour annuler le scrutin remporté par Lula. Ce décret prévoyait, entre autres, la convocation de nouvelles élections et la détention du juge Alexandre de Moraes, alors président du Tribunal supérieur électoral (TSE).
Une dernière tentative de coup d’État a eu lieu le 8 janvier, lors des émeutes de Brasilia, où des milliers de bolsonaristes ont saccagé les lieux de pouvoir, encouragés par l’ex-président et les autres membres de la conspiration présumée.
Réactions et Conséquences
Interdit de quitter le pays depuis février, Jair Bolsonaro est inéligible jusqu’en 2030 pour désinformation sur le système d’urnes électroniques utilisé lors du dernier scrutin. Il espère toutefois faire annuler cette condamnation pour se présenter à la présidentielle en 2026, face à Lula dont la popularité est en berne.
En décembre, la police fédérale a arrêté l’ancien ministre de la Défense de Jair Bolsonaro, Walter Braga Netto, accusé de faire entrave à l’enquête. Il fait partie des 34 suspects inculpés mardi.
Cette affaire illustre les tensions politiques persistantes au Brésil et les défis auxquels le pays est confronté pour préserver son État de droit démocratique.