
L’Office des professions du Québec (OPQ) est actuellement en proie à des turbulences internes. La présidente de l’organisme, Dominique Derome, a remis sa démission en début de semaine, alors que sa gestion des ressources humaines et des contrats fait l’objet de plusieurs enquêtes.
Une situation préoccupante
Selon des informations obtenues par Radio-Canada, la démission de Dominique Derome survient dans un contexte d’allégations graves concernant sa gestion. Le cabinet de la ministre Sonia LeBel, responsable de l’application des lois professionnelles, a confirmé être au courant de la situation et analyse actuellement les faits.
Un climat de travail toxique
Trois syndicats représentant une cinquantaine d’employés de l’Office ont sollicité une rencontre d’urgence avec la ministre LeBel. Dans une communication conjointe, le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ), le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) et Les avocats et notaires de l’État québécois (LANEQ) ont dénoncé un environnement de travail stressant, hostile et toxique. Ils attribuent cette situation à la présidente de l’OPQ et à la directrice des services administratifs.
Depuis l’entrée en fonction de Dominique Derome en février 2023, près d’une vingtaine d’employés, soit environ 40 % des effectifs, se sont absentés pour des périodes prolongées ou ont quitté l’organisation. Les syndicats pointent du doigt la toxicité du milieu de travail et les exigences démesurées en termes de charge de travail.
Enquêtes en cours
La Commission de la fonction publique a déclenché une enquête concernant la dotation et les embauches au sein de l’Office. Par ailleurs, une plainte pour harcèlement psychologique déposée à la Commission a abouti à une entente à l’amiable avec une ex-employée, à la veille d’une audience.
Le Protecteur du citoyen a également ouvert une enquête en 2024, suite à des dénonciations liées à des situations de conflit d’intérêts dans l’octroi de contrats sous la présidence de l’Office.
Mesures d’amélioration
En réponse à ces problèmes, l’Office a mandaté une firme externe pour effectuer un diagnostic du climat organisationnel. Le diagnostic a permis d’identifier des pistes d’amélioration, notamment en ce qui concerne l’organisation du travail et la communication interne.
Un déficit financier inquiétant
L’Office, dont la mission est de veiller à ce que chacun des 46 ordres professionnels assure la protection du public, a vu ses dépenses en services professionnels augmenter de 70 % en 2023-24. Le déficit d’exercice a atteint 1,6 million de dollars, le plus élevé en quatre ans.
En décembre 2024, le gouvernement du Québec a autorisé l’Office à rehausser la contribution de chacun des 430 000 membres d’un ordre professionnel, passant de 29,50 aˋ35. Cette contribution constitue l’essentiel du budget d’environ 14 millions de dollars de l’Office.
Nouvelle direction
Le Conseil des ministres a nommé Pierre E. Rodrigue comme nouveau président de l’Office. Ce dernier, fort d’une carrière dans la fonction publique québécoise, occupait récemment le poste de secrétaire général associé chargé du Secrétariat à l’Internet haute vitesse et aux projets spéciaux de connectivité au Conseil exécutif.
La ministre LeBel, engagée dans plusieurs initiatives de modernisation du système professionnel, devra désormais composer avec cette nouvelle direction pour redresser la situation à l’Office des professions du Québec.